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Quelques bouts de pages

14 juin 2016

Juste avant le bonheur, Agnès Ledig

Ce roman a été le premier lu après un long passage à vide, en décembre dernier. Il est donc logique que je reprenne mon blog avec lui... D'autant plus que ce serait dommage de ne pas en parler.

Je ne connaissais pas du tout l'auteur mais c'est Stephie qui m'a envoyé le livre et j'ai une confiance aveugle en ses choix, j'ai donc décidé de tenter de reprendre la lecture.

Juste-avant-le-bonheur

L'histoire

Julie a 20 ans, un emploi de caissière dans un supermarché et surtout un petit garçon de presque 3 ans, Ludovic,l'amour de sa vie. Pour lui, elle supporte ses collègues vachardes, son patron abusif, son quotidien pas toujours facile de toute jeune maman qui a du mal à boucler les fins de mois.

Paul, lui, se retrouve seul à 51 ans : sa femme est partie. Le voilà donc à devoir faire les courses lui-même, et c'est comme cela qu'il rencontre Julie, dont la fragilité l'émeut. Sur un coup de tête, il invite Julie et Lulu à se joindre à lui pour un séjour en Bretagne. Cela n'est pas sans déplaire à Jérome, son fils, mais peu importe.

Des vacances au bord de la mer pendant lesquelles les personnages vont se découvrir, essayer de panser leurs blessures respectives, tant bien que mal, profiter de la douceur de la plage, jusqu'au moment du départ...

 

 

Les premières lignes

"Elle en a vu d'autres, Julie.

Elle aurait pu s'opposer, prendre le risque, perdre son travail, mais garder sa dignité.

Quelle dignité ?

Ça fait belle lurette que ce petit bout de femme l'a perdue. Quand c'est une question de survie, on range au placard les grands idéaux qu'on s'était fabriqués gamine. Et on encaisse, on se tait, on laisse dire, on subit."

 

Mon avis

Stephie me l'avait dit en m'offrant le livre : "je te préviens, tu vas pleurer, mais ça fait du bien, aussi". Bon, soit. Pleurer, je ne faisais que ça depuis un mois, je n'étais plus à ça près.

Au début, je me suis dit quand même, elle exagère Steph. Je suis sensible, il est question de deuil, de rupture, mais bon, on ne s'y attarde pas trop, ça va. Je le trouvais même plutôt drôle ce livre, notamment les dialogues, avec toutes ces petits phrases marrantes.

Et puis bon, la claque. Ne jamais remettre en cause ce principe : Stephie a toujours raison. En plus, elle ne pouvait pas le prévoir, mais tellement de points communs, jusqu'à certains gestes, certaines circonstances, l'heure à une minute près (pas de déduction hâtive, mon histoire n'est pas celle des personnages cependant).

Je ne veux pas trop en dire, c'est difficile de parler de ce livre sans en dévoiler trop sur son histoire, je m'arrête donc là. Vous pouvez aussi lire l'avis de celle qui fut à l'origine de ma reprise de la lecture, sur le blog de ses frasques (clic). Elle parle d'un roman qui donne le sourire, je cherche encore le mien, mais je pense que ce livre est de ceux que je relirai, un jour, quand je serai capable d'en entendre la fin.

Merci encore à toi pour cette découverte ;)

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27 mars 2016

Une phrase, un texte ! #6 : tuer Alexandre

Après quelques semaines de non-inspiration (et surtout trop peu de temps, d'envie,...), la phrase de cette semaine m'a donné envie de m'y remettre. Je rejoins donc avec plaisir l'atelier de Fanny !

Toujours aussi peu de temps donc c'est un texte très imparfait, écrit très vite, et on sera sans doute plusieurs à avoir eu le même genre d'idée, mais tant pis.

Fanny nous propose cette semaine une phrase tirée de Lorenzaccio de Musset, une partie d’une réplique de Lorenzo de Médicis :

« Tu me demandes pourquoi je tue Alexandre ? Veux-tu donc que je m’empoisonne, ou que je saute dans l’Arno ? »

 

 

Pour lire les textes des autres participants, les liens sont chez Fanny, comme toujours :)

 

Voici donc mon texte !

 

Tu me demandes pourquoi je tue Alexandre ? Veux-tu donc que je m’empoisonne, ou que je saute dans l’Arno ?

C’est bien simple, je ne le supporte plus ! Veux-tu que j’aille courir sur l’autoroute, ou que je saute par la fenêtre ? Chaque fois que je passe la porte d’entrée, je ne vois que lui. Il est toujours là, comme à m’attendre, dans un coin du salon. C’est sûr, il ne me fait jamais la moindre remarque, mais je vois bien sa désapprobation à sa manière de me fixer. Quoi que je fasse, ce n’est jamais assez bien. Si je rentre trop tôt, je semble le déranger. S’il est un peu plus tard, il a l’air de se demander où je suis allée trainer. Et si je reste à la maison, je sens bien qu'il me juge. Non vraiment, je vais devenir folle !

Et puis, regarde toi-même, il prend ses aises ! On ne pourra bientôt plus s’asseoir sur le canapé tant il s’étale. Il en met partout ! Des feuilles et encore des feuilles, on se demande ce qu’il a tant à écrire pour en avoir besoin d’une telle quantité.

Alors je sais, c’est moi qui l’ai invité à venir à la maison. Ça ne t’a pas franchement emballé, sa tête ne te revenait pas, tu en avais même presque peur. Mais je ne pouvais pas le laisser passer la nuit dehors, quand même. Qu’est-ce qui aurait pu lui arriver ? Il faisait si froid. Un peu de générosité, de solidarité, quand même. C’est ce que je suis censée t’inculquer, non ? Oui, ça semble contradictoire avec ma position présente, eh bien considère que c’est comme si je t’avais écouté ce soir-là. Voilà, si je l’avais laissé dehors, avec la tempête, il serait probablement mort de froid. Je lui ai offert un sursis, mais ça ne peut plus durer. Non, je ne lacherai pas ce couteau.

Ah non, tu ne vas pas te mettre à pleurer maintenant. Allez, Maman te préparera un super goûter après, tu veux une glace ? Bon écoute mon chéri, ça suffit, je dois le faire. Et puis ce n’est pas parce que tu as décidé de lui donner un prénom qu’il est différent des autres plantes. Tu vois bien que le lierre ça grimpe partout, il va envahir la pièce ! Je ne peux plus le voir, ce tas de feuilles qui étend ses branches partout.

14 février 2016

Une phrase, un texte ! #1 : le rejoindre

Voilà bien longtemps que je n'ai pas posté par ici, pourtant je lis, un peu. Mais le tout nouvel atelier de Fanny ne pouvait me laisser indifférente, surtout avec cette phrase d'accroche.

Elle a donc décidé de lancer un nouvel atelier d'écriture, un peu différent de celui de Leiloona qui nous fait écrire à partir d'une photo. Cette fois, c'est à partir d'une phrase que nous imaginons nos textes. Pour les informations complètes, il faut aller chez Fanny, clic !

 

Pour cette première édition, elle a choisi les premières phrases du prologue de Pardonnable, impardonnable de Valérie Tong Cuong :

"Elle se retourne, sourit, inspire avec lenteur pour souligner l’importance de l’entreprise. Se remet en position, tête inclinée. Prête à partir.

Et puis non."

Ce sont donc les premières phrases de mon texte (et si j'ai bien compris, les premières phrases de chaque texte écrit pour l'atelier, à moins que certains aient choisi de les mettre au milieu ou à la fin).

 

Pour accéder à l'ensemble des écrits de l'atelier, Fanny a centralisé les liens ici : clic !

 

Voici le mien, encore plus joyeux qu'à l'ordinaire, mais promis, ce sera le seul sur ce thème. Je ne pouvais faire autrement avec cette citation, et en ce jour de Saint-Valentin.

 

Elle se retourne, sourit, inspire avec lenteur pour souligner l'importance de l'entreprise. Se remet en position, tête inclinée. Prête à partir.
Et puis non.
Elle sait qu'elle n'ira pas le rejoindre. Pourtant, chaque fois qu'un train passe, elle y songe. Quand elle roule sur la voie rapide, elle sait qu'il suffirait d'accélérer, juste un peu, et sur le volant ses mains se serrent. Son cœur aussi. Elle aimerait tant pouvoir courir jusqu'à lui et qu'il la prenne dans ses bras, une dernière fois. Et des centaines d'autres dernières fois. Retrouver cette impression que rien ne pourra jamais leur arriver, qu'à deux ils sont plus forts que tout.

Mais leur histoire est bel et bien finie, il ne lui reste qu'à l'accepter. Il ne reviendra pas. Huit ans et demi de sa vie balayés d'un revers de main, inéluctablement. Personne ne lui a demandé son avis. Impuissante, elle a vu toute son existence réduite à néant du jour au lendemain.

Toute ? Pas tout à fait. D'ailleurs, il est 16h25, elle doit se dépêcher pour arriver à l'heure à l'école. De retour au présent, elle essuie ses yeux qu'elle ne prend plus la peine de maquiller, enjambe le pont dans l'autre sens et se remet en route. Elle savait très bien qu'elle ne sauterait pas, elle n'en a pas le droit parce qu'un petit garçon l'attend.

Leur petit garçon. Celui qu'ils devaient voir et faire grandir ensemble, celui à qui ils ont eu tout juste le temps de fabriquer un petit frère ou une petite sœur. Qui grandit en elle. Qui ne saura jamais ce que le mot « Papa » veut dire. Celui pour qui elle doit continuer, parce qu'en devenant Maman elle a renoncé au droit d'abandonner. Celui qui explique en souriant, chaque fois qu'un étranger lui pose une question, que son Papa fait du toboggan dans les nuages. Celui qui, du haut de ses trois ans, fait le clown sans arrêt pour voir de nouveau sourire sa Maman. Celui qu'elle va rejoindre et serrer dans ses bras, pour deux.

13 septembre 2015

Hate List, Jennifer Brown

Cela fait bien longtemps que je n'ai rien posté ici, par manque de temps... Mais après la lecture de ce roman je ne pouvais que revenir pour le partager.

 

hate list

L'histoire

Nick Levil, un adolescent, a ouvert le feu dans son lycée, tuant ou blessant plusieurs personnes. Parmi ses victimes, Valérie, sa petite amie, qui se remettra de sa blessure à la jambe mais gardera bien d'autres séquelles. En effet, Nick n'a pas tiré au hasard : il a visé les personnes que Valérie avait inscrites sur sa "liste de la haine", toutes ces personnes qui la malmenaient et qu'elle avait dit vouloir voir disparaître, sans se douter un seul instant que Nick la prendrait au mot.

Cinq mois après la tuerie, Valérie revient dans son lycée, mais rien ne sera plus jamais comme avant : beaucoup d'élèves la pensent coupable, et elle-même n'est plus très sure de savoir qui elle est.

 

Les premières lignes

(je choisis volontairement de commencer par la vie de Valérie et non par l'extrait du journal, moins représentatif je pense de l'ensemble)

"L'alarme de mon réveil venait de sonner pour la troisième fois quand ma mère s'est mise à marteler ma porte pour que je sorte de mon lit. Jusqu'ici, rien de spécial. Sauf que ce matin-là, c'était différent. C'était le jour où j'étais censée meressaisir etreprendre ma vie en main. Mais chez les mères, les vieilles habitudes ont la vie dure : il suffit que l'alarme à répétition de votre réveil ne marche pas pour qu'elles hurlent et frappent, quelle que soit la journée qui vous attend.

Peu à peu j'ai reconnu ce léger tremblement qu'elle a si souvent dans la voix depuis quelque temps. Ce tremblement qui signifie qu'elle ne sait plus si c'est parce que je suis difficile ou si elle ferait mieux d'appeler le numéro d'urgence, 911."

 

Mon avis

Étant donné le sujet, je m'attendais à un livre fort, et c'est le cas. C'est vraiment un roman poignant sans pour autant verser dans le pathos et le sanglant. Nous suivons le parcours d'une adolescente qui a vu sa vie prendre un tournant radical. Certes, tout n'était pas parfait : elle n'était pas très aimée au lycée (on peut même parler de harcèlement) et ses parents ne s'entendaient plus depuis longtemps. Mais elle avait sa bande d'amis, son petit frère, et surtout son petit ami, Nick, avec qui elle se sentait comprise et heureuse. D'ailleurs, Nick était aussi pris pour cible par certains élèves mais leur amour semblait plus fort que tout. Pour se défouler, Valérie a inventé la liste de la haine : dans un carnet, elle note ce qu'elle déteste, aussi bien l'algèbre et la laque que les élèves qui lui font des réflexions désobligeantes sans arrêt. Mais Valérie ne se rend pas compte que petit à petit, Nick prend les choses plus au sérieux, jusqu'à venir au lycée avec une arme.

La question de la responsabilité se pose évidemment : Nick est-il le seul responsable, puisque le seul à avoir appuyé sur la gachette ? Valérie est soupçonnée aussi, en tant que petite amie du tueur et surtout à cause de ses écrits : sms, mails, et ce fameux carnet. Comment a-t-elle pu être aveugle à ce point et ne pas voir que Nick ne voyait plus cela comme un jeu ? J'ai regretté que les "harceleurs" de Nick et Valérie ne manifestent pas plus de regret, puisque c'est en réponse à leurs agissements que Nick change.

La vie entière de Valérie est bouleversée, ses relations avec sa famille aussi : son père ne digère pas d'avoir vu son nom sur la "hate list", sa mère craint que Valérie ne soit dangereuse pour elle-même et pour les autres, son petit frère est relégué au second plan. Le docteur Hieler, son psychologue, est sa seule bouée de sauvetage dans ce monde désormais hostile.

Au-delà de l'héroïne, on découvre peu à peu les autres personnages du lycée : élèves, professeurs, personne n'a réellement été épargné par la tuerie. Le roman dénonce aussi le rôle des médias, qui diffusent à tort et à travers tout en interprétant les choses à leur façon.

J'ai eu l'impression d'un roman plutôt juste, même si je ne peux qu'imaginer cette situation. Il invite à réfléchir à l'idée de responsabilité mais aussi aux conséquences de nos actes : une foule de petites choses finissent par aboutir à un drame, mais cela aurait facilement pu être évité. Malheureusement, c'est ce qu'on dit toujours trop tard. Or les tueries dans les écoles ne sont pas si rares aux États-Unis, de même que les suicides d'adolescents dans tous les pays. C'est pourquoi il serait bon de faire lire ce roman à certains ados, pas avant un certain âge quand même car ce n'est pas facile à lire, je dirais à partir de la 4e ou 3e, et de réfléchir avec eux sur ce thème.

27 avril 2015

Une photo, quelques mots - 173ème

Après une (longue) pause parce que pendant les cours je n'ai que peu de temps à moi, revoici les vacances et ma 3ème participation à l'atelier d'écriture de Bricabook, Une photo, quelques mots, 173ème édition :) (cliquez pour voir l'article avec le rappel des "règles" et la présentation de la photo)

Leiloona nous proposait encore une fois une photo de Julien Ribot qui ne pouvait m'inspirer autre chose que ce texte après avoir débuté la nouvelle série "Disparue" mercredi dernier. Pas très original, donc, mais je n'ai pas réussi à m'enlever cette idée de la tête !

 

image 3

 

 

Disparition

3 jours. Cela fait plus 3 jours qu’elle a disparu. 76 heures sans dormir, sans manger, presque sans respirer. Les heures les plus longues de ma vie.

Inlassablement, je parcours les allées du parc où elle a été vue pour la dernière fois. L’angoisse au creux de l’estomac qui pèse et paralyse comme le boulet des forçats. La peur qui glace le sang et brouille la vue. Le téléphone portable greffé à la main, qui finira forcément par apporter la mauvaise nouvelle.

Parce que c’est sûr, la nouvelle sera mauvaise. Ça fait déjà 78 heures que cette attente interminable a débuté. Mais pourquoi a-t-elle voulu traverser ce parc à 1h du matin ? Qu’est-ce qui lui est passé par la tête ? Et pourquoi ses amis ne l’ont pas accompagnée ? Et pourquoi ils ne la retrouvent pas ?

J’entends au loin les cris des policiers et des volontaires qui la cherchent. Ils ont déjà fouillé cette partie du parc où je me trouve, mais je préfère fuir l’agitation. Et puis, on ne sait jamais… Je scrute du regard les fourrés, les buissons. Je sonde la surface de l’eau si calme qui me renvoie ma propre agitation par contraste.

Je suis déjà passé ici, en fait je suis déjà passé partout, depuis 3 jours que je parcours ce parc sans relâche. À bout de forces, mais incapable de faire autre chose. Comme les autres, je fais semblant de croire qu’il y a encore un espoir de la retrouver vivante. Les allées, les pelouses, les berges du canal, j’ai examiné tous les recoins à la recherche du moindre indice. J’ai dû laisser mes empreintes de pas dans chaque mètre carré de ce foutu parc.

Je quitte le chemin pour m’enfoncer sous un bouquet d’arbres, et soudain mon cœur s’arrête, mon sang se fige. Là, juste devant moi, la terre a été retournée. Là où hier il y avait un massif de fleurs tout juste plantées, s’ouvre un trou béant. Ils l’ont retrouvée. Aucun doute possible, c’est bien là que j’ai enterré son corps, il y a 79 heures. Les heures les plus longues de ma vie. Mais tout est fini.

 

 

 

Et pour voir les autres textes de l'atelier, rendez-vous chez Bricabook !

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21 avril 2015

Terrienne, Jean-Claude Mourlevat

Vous l'aurez remarqué, je ne cherche pas forcément à chroniquer LE dernier livre sorti (même si ça m'apporterait sans doute plus de visites) et donc encore une fois, c'est un roman sorti en 2011 qui m'a fait de l'oeil cette fois-ci, au CDI du collège.

terrienne

 

L'histoire

Pour rechercher sa soeur disparue un an plus tôt, Anne (17 ans) doit se rendre à Campagne, un endroit mystérieux accessible seulement par un passage sur une nationale.

Au premier abord, le monde de Campagne ressemble au nôtre, mais il existe quand même une différence fondamentale : les habitant de ce pays ne respirent pas. La jeune fille est prévenue dès son arrivée : elle doit cacher sa respiration pour survivre de ce côté : ne pas souffler, soupirer, tousser, rire,...

Dans ce monde en apparence parfait mais hostile pour la Terrienne qu'est Anne, l'adolescente devra trouver des alliés pour retrouver sa soeur et peut-être, elle l'espère, la ramener sur Terre.

 

Les premières lignes

"Étienne Virgil n'allait pas bien quand il fit la rencontre, au début de l'automne, de cette jeune fille qui s'appelait Anne Collodi.

Elle tendait le pouce sur la route départementale 8 entre Saint-Étienne et Montbrison, dans ce secteur qu'on nomme ici la Plaine. Plus loin, vers l'ouest, il y a les monts du Forez. S'il fait beau, on les voit devant soi, à l'horizon, vert sombre et bleutés, et on se dit forcément qu'on devrait y aller, que ça a l'air très beau. Mais ce matin-là, on ne les voyait pas, le ciel était gris et bas. Il bruinait."

 

Mon avis

Encore un livre que j'ai eu du mal à lâcher une fois commencé. J'aime de plus en plus le genre de la dystopie et j'aime analyser les différents mondes imaginés par les auteurs.

L'histoire en elle-même est relativement simple : Anne cherche sa soeur, elle sait qu'elle est à Campagne et va tout faire pour trouver des indices petit à petit. Sur sa route, la foule anonyme des "ennemis" : presque tous les habitants de Campagne, et quelques amis : le vieux monsieur qui la prend en stop au début du roman, la guichetière de l'hôtel, et quelques autres (je ne peux pas tout raconter ici non plus).

Comme je l'ai dit, ce que je préfère avec ce genre de lecture (en-dehors du plaisir de lire, de se détendre, c'est une lecture-sans-prise-de-tête), c'est de voir dans quel monde l'auteur nous emmène, ce qui y est différent, mieux, moins bien,... et je trouve l'idée de départ intéressante : il n'y a aucun souffle vital dans ce monde. Ça n'a l'air de rien, mais ça change beaucoup de choses : déjà, il n'y a jamais de vent, tout ce qui n'est pas déplacé par l'homme est immobile. Les traces de pas dans le sable ne s'effacent jamais par exemple, et les cendres d'Estrellas rendent l'air irrespirable (ce qui n'est pas un problème pour les locaux, donc).

Ensuite, aucun animal n'existe et la nature même est très réduite : des déserts, un parc sans doute artificiel, des roches. Cela implique aussi l'absence de microbes, virus et donc maladies. C'est la raison principale pour laquelle les habitants de Campagne ont peur des humains : ils sont persuadés qu'ils vont être contaminés par leur souffle vicié (on retrouve l'idée de la propagande de masse, des légendes inventées et entretenues).

Finalement, tout ce qui nous rend humains et vulnérables disparaît, ce qui fait qu'on a l'impression que les personnages sont à mi-chemin entre l'humain et le robot. Aucun sentiment n'existe, personne ne souffre, personne ne doute. Les vies sont très bien réglées par l'informatique, depuis le métier de chacun jusqu'à la formation des couples, aucune erreur possible. Inutile de dire que les dirigeants de ce monde n'ont aucune peine à maintenir l'ordre. Il n'existe que 2 façons de mourir à Campagne : être pris en faute grave et tué, ou "s'asseoir", mourir d'ennui. Du moins, pour les natifs du lieu, car pour Anne, c'est une autre histoire.

La vie perd toute saveur dans un monde aseptysé, même la nourriture est insipide. Ce roman invite aussi à savourer ce qu'on a sur Terre, que ce soit le vent, la nature, les animaux, les sentiments, et même la pluie, la saleté, les imperfections.

19 avril 2015

Diabolo l'escargot, Jeanne Taboni Misérazzi et Laetitia Marre

J'ai eu la chance de gagner cet album en participant à un jeu Facebook organisé par "PEMF & Cie" (vous pouvez visiter leur page FB ici : KILK et leur site là : CLIC). Ça tombait on ne peut mieux car mon gnome est dans sa période "j'aime les escargots" et "je veux lire 30 livres par jour". Impossible de décrire sa joie quand il a déballé le colis : livre + escargot, 2 en 1 !

diabolo-escargot

 

Un matin, Diabolo se moque de Bertille la chenille qui ne savait pas que la coquille est la maison de l'escargot. Pourtant, la petite chenille ne lui en tient pas rigueur quand Diabolo se retrouve en mauvaise posture ; c'est toute une chaîne de solidarité qui se met en place dans le petit monde du jardin.

Je dois dire que tout me plaît dans cet album : l'histoire est assez simple pour être comprise par un enfant de 2 ans (qui la résume ainsi : "cago caké cokille !" je vous laisse le soin de traduire) et contient en même temps un joli message sur l'amitié et les relations sociales (à comprendre un peu plus tard sans doute).

Les dessins sont tout doux et les couleurs tendres, comme le montre la couverture, c'est un style que j'aime beaucoup. Les personnages sont tout mignons et attachants, même si à la base on n'est pas super pote avec les insectes (comme moi).

On révise aussi différents animaux du jardin (chenilles, fourmi, escargot, pie, scarabée, souris), notamment sur les pages où ils sont tous présents, c'est parfait pour mon gnome curieux qui ne se contente pas d'écouter une histoire mais veut décrire tout ce qu'il trouve sur la page !

 

On en s'en lasse pas, on l'a même emmené chez Nounou pour le faire découvrir au copain du gnome. Un grand merci à PEMF & Cie et aux éditions du Pas de l'échelle pour ce concours tombé à pic !

15 avril 2015

Café Lowendal et autres nouvelles, Tatiana de Rosnay

Je fréquente si peu les librairies depuis plusieurs mois (par manque de disponibilité) que j'avais

café lowendal

loupé la publication d'un recueil de nouvelles de tatiana de Rosnay !! Heureusement que j'ai des amies qui suivent à ma place, un énorme merci à Fanny de m'avoir offert ce livre !

Il s'agit d'un recueil qui reprend plusieurs nouvelles déjà publiées séparément mais je ne lis pas de revue, donc je n'en connaissais aucune. Il doit aussi y avoir des inédits, pas de mention de parution précédente pour "Un bien fou", "Ozalide", "Sur ton mur", "La Méthode K", "La femme de la chambre d'Amour".

 

Impossible de faire un résumé bien sûr, il s'agit de 10 histoires différentes. On retrouve quand même des constantes, communes d'ailleurs avec le reste de l'oeuvre de Madame de Rosnay : le réalisme (sauf une nouvelle un peu futuriste, du moins j'imagine), la mise en abyme de l'écriture (plusieurs personnages sont des écrivains), cette façon de saisir une vie ordinaire au moment où elle bascule.

 

J'aime beaucoup le genre de la nouvelle, qui permet de lire un texte par ci par là (bon c'est pas vrai, je lis toujours tout à la suite) qui traite les histoires de façon totalement différente du roman. L'auteur doit nous présenter le personnage et sa vie suffisamment pour que l'on s'y attache et qu'on s'y intéresse, mais en peu de pages, ce qui représente un vrai défi.

En général j'aime plutôt les nouvelles à chute, avec leur fin surprenante qui donne un tout autre éclairage au texte entier, et il y en a quelques unes dans ce recueil. Mais j'ai aussi apprécié les tranches de vie proposées dans d'autres nouvelles, ces personnages que l'on côtoie le temps de quelques pages et que l'on quitte à regrets, contraints d'imaginer nous-même la suite de leur vie.

Je me suis amusée à recroiser Nicolas Kolt, le héros de À l'encre russe. J'ai d'ailleurs l'impression d'avoir déjà croisé aussi Gabrielle Célas, peut-être dans le même roman ? Impossible de retrouver. On retrouve certains des thèmes chers à l'auteur : le travail d'écrivain, l'importance des murs et habitations,... et une nouvelle autobiographique, ou qui fait croire qu'elle l'est : "La Tentation de Bel-Ombre" où Tatiana parle à l'une de ses ancêtres avec des mots très touchants. On retrouve d'ailleurs encore une fois des éléments de À l'encre russe dans cette nouvelle.

Si je devais retenir une seule nouvelle du recueil, ce serait peut-être "Sur ton mur", pour la fin que je n'ai pas du tout vue venir (d'ailleurs je n'ai pas compris le changement de nom à la fin alors qu'elle l'avait trouvé avec le 1er nom donné), ou "Dancing Queen" pour la beauté de l'histoire malgré sa "simplicité".

Bon, c'est pas tout ça, mais j'ai un peu de retard dans la lecture de Tatiana de Rosnay... Je viens de découvrir un livre que je n'ai pas encore !! Il faut vraiment que je me tienne au cuorant de l'actualité...

9 avril 2015

Délinquante, Martine Pouchain

Je ne sais pas pourquoi, ce tout petit livre trouvé dans la pile des nouveautés du CDI m'a tout de suite attirée (pourtant non, promis, je ne me suis pas retrouvée dedans cette fois). Je l'ai lu en même pas une soirée, disons que ça change du "pavé" que je viens de terminer.

 

délinquante

L'histoire

Edna est une adolescente à peu près comme les autres, mais pour être acceptée dans son groupe de garçons, elle change radicalement de look et surtout, se met à voler. Cela lui procure l'admiration de ses amis et surtout l'adrénaline qui lui manque. Mais voler, de plus en plus souvent, de plus en plus cher, n'est pas sans risque...

 

Les premiers mots

"Quelque chose me plaisait par-dessus tout, c'était ce picotement, cette tension particulière de la peau sur mes tempes au moment où j'allais le faire.

Juste avant, j'étais une fille comme les autres, sans signe particulier ni talent notoire, de la graine d'adulte ordinaire, transgénique presque. Mais en cet instant précis qui durait, je ne sais pas, une minute peut-être, pas moyen de prolonger, pendant cette minute, je me transfigurais. Je me vautrais dans l'interdit comme un chat dans le soleil, je me sentais héroïque, une sensation de puissance m'envahissait, je n'avais jamais rien éprouvé d'aussi intense."

 

Mon avis

J'ai beaucoup aimé ce livre très court mais qui en dit beaucoup. On suit le personnage d'Edna et à la fin, on a l'impression de bien la connaître. Il faut dire que c'est une ado ordinaire, avec ses problèmes et ses failles, comme toutes les personnes de son âge. Et un "passe-temps" qui, je pense, n'est pas si rare non plus. Et c'est justement pour ça qu'il faut faire lire ce roman.

J'ai également apprécié l'écriture de l'auteur (non, je ne peux me résoudre à ajouter un e à ce mot, autant en mettre un à "fleur" à ce tarif), avec beaucoup de formules bien trouvées et pas mal d'humour.

Tout est raconté du point de vue d'Edna, on échappe donc aux leçons de morale qu'on trouve parfois dans ce type de livres, mais cela n'empêche pas le message de passer, au contraire. On se rend compte aussi que parfois, nos jugements sont trop rapides et qu'il faut creuser un peu plus pour connaître les gens.

À faire lire à tous nos adolescents qui pensent qu'ils doivent accomplir des choses extra-ordinaires (au sens premier du terme) pour qu'on les remarque.

 

6 avril 2015

Un Repas chez les lapins de Pâques, Carine Foulon et Elise Catros

J'avais promis à Carine que mon premier article sur un album jeunesse serait pour l'un de ses livres. Cette promesse date d'il y a un an, mais je la tiens quand même !

En ce lundi de Pâques, voici un livre de saison :

un repas chez les lapins de paques

 

Je crois que si je devais définir ce livre avec un mot, ce serait la douceur. Tout est doux : le papier utilisé pour les pages et la couverture, les couleurs, les dessins d'Elise au crayonné un peu apparent, les mots de Carine. Même dans les personnages, pas de "méchant", pas de petit défaut, c'est un monde tout doux et tout gentil adapté aux plus petits.

 

Gabin le lutin est invité, ainsi que sa cousine Amelia la sorcière (que l'on retrouve dans un autre album sur le thème de l'automne), chez les lapins de Pâques. Au déjeuner, des carottes bien sûr ! Mais Gabin décide de les agrémenter un peu.

Le repas est joyeux, jusqu'au moment tant attendu de la recherche des oeufs de Pâques : ils ont disparu ! Un drame pour tout enfant, même lapin.

 

Difficile de donner l'avis de mon fils, il adore les lapins donc le livre lui plaît forcément, mais il est un peu petit pour l'histoire, elle est encore trop longue pour lui, il n'a pas la patience d'écouter autant de texte sur chaque page. Mais il n'a que 2 ans, on réessayera dans quelques mois ! En attendant on regarde surtout les images et je lui résume l'histoire.

 

On trouve au fil des pages différentes "recettes" : je mets le mot entre guillemets car ce n'en sont pas vraiment et c'est peut-être ce qui me plaît le moins dans le livre. J'aime bien celle des oeufs-poussins et je pense que je pourrai le refaire avec mon fils, même si c'est de l'assemblage et non une recette. En revanche, une page sur l'omelette, c'est peut-être un peu beaucoup (c'est d'ailleurs une des pages que mon fils tourne le plus vite), car pendant ce temps-là il ne se passe pas grand chose pour l'histoire. Quant à la "véritable recette des oeufs de pâques", bon, faire fondre du chocolat pour mettre dans des moules, j'y aurais pensé toute seule. C'est sûr qu'on ne pouvait pas partir des fèves de cacao, mais disons que je trouve qu'il y a un peu trop de "pub" autour de cette "recette" : c'est ce qui est mis en avant sur le site de l'éditeur, et c'est là-dessus que termine l'histoire (c'est un coup à devoir faire fondre du chocolat à chaque fois qu'on lit le livre, ça !).

Mais je sais que c'est la ligne éditoriale des éditions La Palissade : il faut de la cuisine et des recettes dans chaque livre.

 

En-dehors de ce petit bémol (qui ne gêne en rien la lecture de l'histoire), j'aime beaucoup cet album :)

Si le gnome grandit assez d'ici l'Automne, on achètera sans doute l'aventure d'Amélia la sorcière, pour compléter la série.

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Quelques bouts de pages
  • Mes lectures, les livres que j'ai aimés, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie... mais aussi pas du tout. Classiques, contemporains, jeunesse, un peu de tout ! C'est bien connu, les souricettes dévorent les livres !
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